De MODALITEA à ERMES

De MODALITEA à ERMES, genèse d'un projet interdisciplinaire

En 2019, l'Agence Régionale de Santé Île-de-France, par le biais de sa référente nutrition, a émis le souhait auprès de deux partenaires scientifiques, Aurélie Maurice (LEPS, Université Sorbonne Paris Nord) et Nicolas Darcel (PNCA, AgroParisTech), d’une recherche sur des territoires d’Ile-de-France permettant d’améliorer la cohérence et l’homogénéité des programmes d’éducation à l’alimentation à destination des enfants.

Une collaboration a ainsi démarré entre le PNCA et le LEPS, de concert avec l’ARS Île-de-France pour travailler à la mise en œuvre et au suivi scientifique d’actions coordonnées au niveau d’un territoire autour de l'éducation à l’alimentation des enfants en milieu défavorisé.

Une opportunité de candidater à un appel à projets a permis aux deux scientifiques de mettre en forme un premier projet de recherche, nommé MODALITEA (Approches croisées de modélisation informatique des messages alimentaires et investigations de terrain). Le projet MODALITEA se basait sur l’idée, assez novatrice et exploratoire, d’associer des approches de terrain de type socio-ethnographiques, à des approches de modélisation informatique. L’un des objectifs de MODALITEA était d’étudier les trajectoires des messages alimentaires, dont les deux scientifiques faisaient l’hypothèse qu’elles n’étaient pas rectilignes et ne suivaient pas un processus simple du type “un enfant reçoit un message et le transmet ensuite tel quel à un autre enfant”. Les travaux de thèse d’Aurélie Maurice (2018) montraient que les jeunes se réapproprient les messages qu’ils reçoivent dans le cadre de l’éducation alimentaire et en font parfois un tout autre usage que ce qui était prévu, en fonction des objectifs qu’ils se donnent (tels que s’intégrer au groupe de pairs). L’idée de MODALITEA était d’utiliser la simulation à base d’agents pour modéliser ces trajectoires ainsi que l’évolution du contenu des messages, qui seraient répertoriés dans une base d’arguments formels telle que développée par le laboratoire ingénierie des agropolymères et technologies émergents (IATE). Rallou Thomopoulos de IATE, qui est à l’origine de la création du logiciel MyChoice, et Patrick Taillandier du laboratoire mathématique et informatique appliquées de Toulouse (MIAT), qui est spécialisé en simulation multi-agents, ont rejoint le projet. Le laboratoire d’économie appliquée de Grenoble (GAEL), via Sabrina Teyssier, a également rejoint le projet MODALITEA en proposant l’utilisation des méthodes d’économie expérimentale pour mesurer les changements de consommation alimentaire des enfants par l’observation de leur alimentation réelle à la cantine avec et sans diffusion de messages alimentaires afin d’évaluer l’effet de ces messages sur l’alimentation des enfants et leur perception de la norme sociale de consommation. Un essai randomisé contrôlé était envisagé. En parallèle, Aurélie Maurice et Nicolas Darcel ont continué à maintenir les liens avec l’ARS Ile-de-France et à développer un réseau sur le terrain, notamment en Seine-Saint-Denis. L’association ANEG était présente dès le début des discussions et a contribué à apporter des expériences d’actions d’éducation au goût menées avec les enfants. En 2021, des premiers contacts ont été établis avec l'EPT Est-Ensemble (en Seine-Saint-Denis) afin de réaliser les premières études d'analyse des discours portant sur l'alimentation à destination des enfants. Ces premières recherches se sont concentrées sur les communes de l’EPT Est-Ensemble et se sont centrées sur les messages présents dans les médias ainsi que les messages portés par des individus observés in situ en milieu scolaire ou périscolaire (enfants, personnels éducatifs, agents de cantine). Les données recueillies ont été organisées selon la méthodologie d’ingénierie des connaissances dans l’outil d’argumentation multicritère MyChoice en collaboration avec IATE. Ce travail a permis de quantifier les degrés de convergence ou divergence entre les messages portant sur les questions alimentaires et a révélé que la multiplicité d’émetteurs est associée à une forte hétérogénéité des discours sur l’alimentation. Ce travail est préparatoire du projet ERMES puisque la structure de la base d’arguments formels construite dans ce projet va être réutilisée (et sans doute revisitée) dans le cadre de ERMES. En 2022, de premiers travaux de modélisation multi-agents de la diffusion des messages à partir d’observations réalisées à l’école ont été réalisés en partenariat avec une école élémentaire de la commune de Noisy-le-Sec dans le cadre d'un projet d'étudiants sous la co-supervision de Nicolas Darcel, Aurélie Maurice et Patrick Taillandier. Ce projet a montré la prédominance dans la bouche des enfants de messages alimentaires en lien avec la santé, et la moindre occurrence de messages en lien avec l’environnement. Ce premier essai d’articulation d’observations à l’école associée à de la modélisation informatique Très récemment (2023), une thèse a démarré, sous la co-direction de Nicolas Darcel et d’Aurélie Maurice, testant une nouvelle méthode développée à partir de l’ingénierie des connaissances et de la modélisation multi-agents, pour analyser la diffusion de messages et comportements favorables à la santé dans une approche d’éducation par les pairs auprès de jeunes adolescents de quartiers populaires. L’idée est d’utiliser cette approche pour étudier la prévention de comportements à risque chez les jeunes. Au cours de cette thèse, des données vont être recueillies par observation et entretiens semi-directifs et traitées par une méthode de modélisation informatique appelée simulation multi-agents.

Le projet ERMES a commencé à émerger dans l’objectif de répondre à l’appel à projets générique de l’Agence Nationale de la Recherche en 2023. Il avait été décidé de scinder le programme de recherche MODALITEA (jusque là uniquement financé par l’ARS Ile-de-France) en deux projets: le projet SPECIALE (Sciences Participatives pour une Education CItoyenne à l’ALimentation à l’école), davantage axé sur la recherche-action et le projet ERMES (Enfants Récepteurs et Messagers pour l’Education à la Santé), davantage axé sur la recherche fondamentale. En plus des laboratoires LEPS, PNCA, IATE et GAEL, les laboratoires LIPN, Clipsyd et EconomiX ont rejoint le projet. En effet, au sein du laboratoire EconomiX (Université Paris Nanterre, CNRS), Noémi Berlin avait construit un projet de recherche (FOODHAB) autour de la question des habitudes alimentaires des enfants et l’influence des pairs, comprenant une collecte de données sur le terrain et  et un essai randomisé contrôlé, permettant de tester, qui de l’enfant ou de l’enseignant, aurait le plus d’influence sur les intentions de consommer des enfants et leurs consommations observées de certains produits alimentaires. Le LIPN est le Laboratoire d’Informatique de Paris Nord, il se trouve à l’Université Sorbonne Paris Nord et Nathalie Pernelle, Céline Rouveirol et Guillaume Santini y travaillent sur de la fouille de données par apprentissage machine. Leur arrivée dans le projet a permis d’apporter une dimension “graphe de réseaux attribués” et “fouille de règles causales”, permettant de modéliser les interactions entre les élèves et leur influence mutuelle sur l’alimentation.

Le projet ERMES est ainsi né de la co-construction entre ces six équipes de recherche, et a été financé en 2023 par l’AAPG de l’ANR.

En 2019, l'Agence Régionale de Santé Île-de-France, par le biais de sa référente nutrition, a émis le souhait auprès de deux partenaires scientifiques, Aurélie Maurice (LEPS, Université Sorbonne Paris Nord) et Nicolas Darcel (PNCA, AgroParisTech), d’une recherche sur des territoires d’Ile-de-France permettant d’améliorer la cohérence et l’homogénéité des programmes d’éducation à l’alimentation à destination des enfants. Une collaboration a ainsi démarré entre le PNCA et le LEPS, de concert avec l’ARS Île-de-France pour travailler à la mise en œuvre et au suivi scientifique d’actions coordonnées au niveau d’un territoire autour de l'éducation à l’alimentation des enfants en milieu défavorisé.

Une opportunité de candidater à un appel à projets a permis aux deux scientifiques de mettre en forme un premier projet de recherche, nommé MODALITEA (Approches croisées de modélisation informatique des messages alimentaires et investigations de terrain). Le projet MODALITEA se basait sur l’idée, assez novatrice et exploratoire, d’associer des approches de terrain de type socio-ethnographiques, à des approches de modélisation informatique. L’un des objectifs de MODALITEA était d’étudier les trajectoires des messages alimentaires, dont les deux scientifiques faisaient l’hypothèse qu’elles n’étaient pas rectilignes et ne suivaient pas un processus simple du type “un enfant reçoit un message et le transmet ensuite tel quel à un autre enfant”. Les travaux de thèse d’Aurélie Maurice (2018) montraient que les jeunes se réapproprient les messages qu’ils reçoivent dans le cadre de l’éducation alimentaire et en font parfois un tout autre usage que ce qui était prévu, en fonction des objectifs qu’ils se donnent (tels que s’intégrer au groupe de pairs). L’idée de MODALITEA était d’utiliser la simulation à base d’agents pour modéliser ces trajectoires ainsi que l’évolution du contenu des messages, qui seraient répertoriés dans une base d’arguments formels telle que développée par le laboratoire ingénierie des agropolymères et technologies émergents (IATE). Rallou Thomopoulos de IATE, qui est à l’origine de la création du logiciel MyChoice, et Patrick Taillandier du laboratoire mathématiques et informatique appliquées de Toulouse (MIAT), qui est spécialisé en simulation multi-agents, ont rejoint le projet. Le laboratoire d’économie appliquée de Grenoble (GAEL), via Sabrina Teyssier, a également rejoint le projet MODALITEA en proposant l’utilisation des méthodes d’économie expérimentale pour mesurer les changements de consommation alimentaire des enfants par l’observation de leur alimentation réelle à la cantine avec et sans diffusion de messages alimentaires afin d’évaluer l’effet de ces messages sur l’alimentation des enfants et leur perception de la norme sociale de consommation. Un essai randomisé contrôlé était envisagé. En parallèle, Aurélie Maurice et Nicolas Darcel ont continué à maintenir les liens avec l’ARS Ile-de-France et à développer un réseau sur le terrain, notamment en Seine-Saint-Denis. L’association ANEG était présente dès le début des discussions et a contribué à apporter des expériences d’actions d’éducation au goût menées avec les enfants. En 2021, des premiers contacts ont été établis avec l'EPT Est-Ensemble (en Seine-Saint-Denis) afin de réaliser les premières études d'analyse des discours portant sur l'alimentation à destination des enfants. Ces premières recherches se sont concentrées sur les communes de l’EPT Est-Ensemble et se sont centrées sur les messages présents dans les médias ainsi que les messages portés par des individus observés in situ en milieu scolaire ou périscolaire (enfants, personnels éducatifs, agents de cantine). Les données recueillies ont été organisées selon la méthodologie d’ingénierie des connaissances dans l’outil d’argumentation multicritère MyChoice en collaboration avec IATE. Ce travail a permis de quantifier les degrés de convergence ou divergence entre les messages portant sur les questions alimentaires et a révélé que la multiplicité d’émetteurs est associée à une forte hétérogénéité des discours sur l’alimentation. Ce travail est préparatoire du projet ERMES puisque la structure de la base d’arguments formels construite dans ce projet va être réutilisée (et sans doute revisitée) dans le cadre de ERMES. En 2022, de premiers travaux de modélisation multi-agents de la diffusion des messages à partir d’observations réalisées à l’école ont été réalisés en partenariat avec une école élémentaire de la commune de Noisy-le-Sec dans le cadre d'un projet d'étudiants sous la co-supervision de Nicolas Darcel, Aurélie Maurice et Patrick Taillandier. Ce projet a montré la prédominance dans la bouche des enfants de messages alimentaires en lien avec la santé, et la moindre occurrence de messages en lien avec l’environnement. Ce premier essai d’articulation d’observations à l’école associée à de la modélisation informatique Très récemment (2023), une thèse a démarré, sous la co-direction de Nicolas Darcel et d’Aurélie Maurice, testant une nouvelle méthode développée à partir de l’ingénierie des connaissances et de la modélisation multi-agents, pour analyser la diffusion de messages et comportements favorables à la santé dans une approche d’éducation par les pairs auprès de jeunes adolescents de quartiers populaires. L’idée est d’utiliser cette approche pour étudier la prévention de comportements à risque chez les jeunes. Au cours de cette thèse, des données vont être recueillies par observation et entretiens semi-directifs et traitées par une méthode de modélisation informatique appelée simulation multi-agents.

Le projet ERMES a commencé à émerger dans l’objectif de répondre à l’appel à projets générique de l’Agence Nationale de la Recherche en 2023. Il avait été décidé de scinder le programme de recherche MODALITEA (jusque là uniquement financé par l’ARS Ile-de-France) en deux projets: le projet SPECIALE (Sciences Participatives pour une Education CItoyenne à l’ALimentation à l’école), davantage axé sur la recherche-action et le projet ERMES (Enfants Récepteurs et Messagers pour l’Education à la Santé), davantage axé sur la recherche fondamentale. En plus des laboratoires LEPS, PNCA, IATE et GAEL, les laboratoires LIPN, Clipsyd et EconomiX ont rejoint le projet. En effet, au sein du laboratoire EconomiX (Université Paris Nanterre, CNRS), Noémi Berlin avait construit un projet de recherche (FOODHAB) autour de la question des habitudes alimentaires des enfants et l’influence des pairs, comprenant une collecte de données sur le terrain et  et un essai randomisé contrôlé, permettant de tester, qui de l’enfant ou de l’enseignant, aurait le plus d’influence sur les intentions de consommer des enfants et leurs consommations observées de certains produits alimentaires. Le LIPN est le Laboratoire d’Informatique de Paris Nord, il se trouve à l’Université Sorbonne Paris Nord et Nathalie Pernelle, Céline Rouveirol et Guillaume Santini y travaillent sur de la fouille de données par apprentissage machine. Leur arrivée dans le projet a permis d’apporter une dimension “graphe de réseaux attribués” et “fouille de règles causales”, permettant de modéliser les interactions entre les élèves et leur influence mutuelle sur l’alimentation.

Le projet ERMES est ainsi né de la co-construction entre ces six équipes de recherche, et a été financé en 2023 par l’AAPG de l’ANR.

 

Date de création : 27 février 2024 | Rédaction : LB